TRIBUNE – De 32 ct à 50 ct, la variable d’ajustement, c’est toujours l’éleveur

Depuis aout 2021, les citernes de lait SPOT s’échangent entre les industriels à plus de 400€/1000L. Un prix qui a crevé le plafond il y a deux semaines avec des échanges à 500€/1000L, pendant que le prix payé au producteur reste effrayamment bas.

Source : l’Éleveur laitier

Créer plus de valeur est possible dans la filière lait

Cette situation inédite, qui ne s’était pas produite depuis 2008, fait écho à un manque de lait sur le marché. Pour faire tourner leurs usines, les industriels sont visiblement prêts à acheter le lait à très bon prix. Même si ces achats concernent des quantités limitées, cela prouve qu’une marge existe bel et bien entre ce qu’ils payent aux producteurs et ce qu’ils peuvent réellement payer. En faisant le choix de faire tourner leurs usines avec du lait à 50ct/L plutôt que de les mettre à l’arrêt, ils apportent la preuve qu’il y a encore de la place pour faire de la valeur dans la filière lait.

Moins de lait = meilleur prix du lait ?

L’explosion de ces prix démontre également ce que l’APLI martèle depuis 2009 : pour obtenir de meilleurs prix sur le marché, l’offre doit adapter sa voilure. Trop de lait, il n’est plus besoin d’en faire la preuve, tire les prix vers le bas. Aujourd’hui, alors que les quantités de lait en circulation sont moins importantes que d’habitude, les prix du lait SPOT augmentent.

Mais pas pour les producteurs, éternelle variable d’ajustement

Cette augmentation de la valeur du lait pour les industriels ne se répercute pas sur les payes de lait : loin de là ! En 2008, alors que le prix SPOT dépassait les 400€/1000L, nous observions un prix payé de 380 à 410€/1000L sur nos payes. En ce mois d’octobre, nous sommes entre 320 et 370€/1000L, ce qui ne couvre absolument pas nos coûts de production. Pourquoi ?

Certes, alors que le prix du panier moyen des ménages augmente, le lait, lui, sert de produit d’appel à bas prix dans les rayons. Notre lait compense l’augmentation du prix des autres produits. La variable d’ajustement reste le producteur qui lui ne crée pas de pénurie, produit localement, et fournit sagement ce que lui demande sa laiterie.

Est-ce bien judicieux de maintenir les prix payés aux producteurs si bas, alors que certains stocks commencent à réduire sur des produits comme le beurre ? Et alors que l’augmentation des prix des matières premières, de l’énergie et du GNR se répercutent aussi sur nos exploitations ?

Il serait peut-être temps de valoriser et de défendre un peu plus ardemment nos productions en rémunérant mieux les producteurs laitiers. Le nombre d’exploitations en chute libre et le nombre de faillite mèneront fatalement à la mise en circulation de moins de matière sur le marché des produits laitiers. Et l’on voit avec évidence ce que cela donne aujourd’hui.

Adrien Lefèvre

Président de l’APLI France

president@aplifrance.fr

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