02 février 2023
Après une année 2022 inédite, nous, éleveurs laitiers, avons vu nos coûts exploser. Les prix qui nous sont payés ont certes commencé à monter en fin d’année, mais amorcent déjà une redescente et il y existe encore beaucoup de verrous à faire sauter pour éviter la faillite, notamment à cause de certaines enseignes de la distribution, comme la multinationale CARREFOUR.
Aujourd’hui, il nous faut être rémunérés 55 cts par litre de lait. Alors que la grande enseigne qu’est CARREFOUR nous refuse un meilleur prix à nous les producteurs, nous constatons qu’elle n’hésite pas à augmenter le prix consommateur. On retrouve du lait à 1,15€ dans les magasins ! A qui profite cette augmentation quand ce même lait n’est payé que 45 cts/L aux éleveurs ?!
Une hausse qui ne s’applique pas aux marques détenues par CARREFOUR qui les vend presque sans marge et se rattrape en augmentant le prix des marques nationales. L’enseigne profite de la situation inflationniste pour gagner des parts de marché, au détriment des éleveurs ET des consommateurs. Ceci aura bientôt pour conséquence un monopole des parts de marché détenues par ces MDD (marques de distributeurs), avec les dangers que cela implique pour le pouvoir d’achat des consommateurs et le maintien des éleveurs.
Il est inacceptable que des marques de producteurs qui se reprennent en main pour construire avec la grande distribution un partenariat gagnant-gagnant soient ainsi balayées par une multinationale française sur son propre territoire. Un signal fort est attendu pour arrêter l’hémorragie de la perte du nombre de producteurs ! Les MDD suffiront-elles à elles seules à approvisionner le pays demain ? Resteront-elles si bon marché quand les marques nationales auront été abîmées par cette concurrence déloyale ? Pas sûr !
Le 28 février prochain, les contrats qui fixent le prix payé aux éleveurs par les industriels seront signés et définiront notre rémunération sur l’année à venir. Nous posons une question simple : combien d’éleveurs voulons nous voir encore en activité en février 2024 ? La réponse est aussi simple que la question : cela dépend du prix qui sera mis sur la table !
Nous ne demandons pas d’aides et de mesurettes, nous sommes fiers de nous lever le matin pour travailler à nourrir le pays : ce que nous voulons, c’est une justice économique !
Le Conseil d’Administration de l’APLI France