Menace de grève, la grogne monte parmi les producteurs de lait |
Pierre Daufin, Bernard Giroux, Yves Joubert, Cyrille Aubrée, Frédéric Peigné. Des éleveurs parmi d’autres, inquietsde l’évolution du prix du lait. Ils préviennent, la grève sera inévitable
Un travail payé à sa juste valeur
Les éleveurs s’inquiètent de la baisse constante du lait. Certains diront qu’il existe les primes de l’État. « Heureusement qu’il y a des primes, sinon les éleveurs ne seraient plus là, et ce n’est pas notre choix. Ce que nous voulons, c’est être rémunérés de notre travail, à sa juste valeur. Depuis que les quotas ont été mis en place en Europe, les éleveurs français respectent ces quotas ou ne les atteignent pas. En revanche, d’autres pays voisins les dépassent de 5 à 15 % et cela entraîne une surproduction qui fait baisser les cours. Il faut que cela cesse. »
Frédéric, l’un des éleveurs, renchérit : « On est patron, on prend des risques financiers, on fait beaucoup d’heures, sept jours sur sept, de jour comme de nuit. Ramené au prix horaire, nous travaillons bien en dessous du Smic. » Et Pierre ajoute : « Combien de directeurs de coopératives, salariés des paysans, accepteraient de gagner autant que leurs patrons agriculteurs, c‘est-à-dire beaucoup moins que le Smic ? »
La solidarité existe : Gaël Gounot, vétérinaire leur a adressé un courrier dans lequel il s’explique : « Pourquoi votre avenir m’intéresse ? Parce que nous sommes nombreux à vivre grâce à vous. Depuis le début de la crise laitière, l’activité rurale dans les cabinets vétérinaires a baissé de 15 % en moyenne. Pour bon nombre de mes confrères, c’est dur à encaisser. »
Du lait distribué à la sortie des écoles
Les éleveurs sont bien décidés à cesser de livrer leur production.
« Ce n’est pas de gaieté de coeur que nous allons jeter notre lait, c’est dans la douleur, mais c’est malheureusement inévitable. » Selon eux, cette situation était pourtant prévisible.
« Nous avions alerté les responsables politiques sur tous ces problèmes : l’absurdité de la politique libérale, l’effondrement catastrophique des prix, la contractualisation portent à l’intégration et non pas la solution à la maîtrise et enfin, les coûts de production à la ferme. »
La grève du lait apparaît donc comme l’ultime moyen de pression. Malgré tout, les actions à venir seront aussi l’occasion d’adresser un message au grand public. Certains agriculteurs distribueront leur lait à la sortie des écoles, il suffira de se munir d’une bouteille (à Bonnemain, par exemple), d’autres accueilleront les particuliers venus chercher du lait à sa source.