Crise du lait. La grève comme «unique solution» pour l’Apli
Producteurs et consommateurs sont invités à participer à la réunion que tiendra, ce soir, l’Apli (*), à la salle des fêtes. La question de la grève du lait, cheval de bataille de l’association, sera au coeur des débats.
Pascal Cousté, vous êtes membre du bureau de l’Apli et vous serez ce soir, à Châteaulin. Pouvez-vous nous présenter votre association?
L’Apli est née en automne dernier, suite à la dégradation du contexte laitier. C’est une association de défense des producteurs laitiers, et qui est indépendante de tout syndicat et de tout mouvement politique. Elle a d’abord vu le jour dans l’Aveyron avant d’arriver en Bretagne au mois de mars, où nous comptons déjà plus de 2.000 adhérents (10.000en France).
Quel sera le principal objet de la réunion de ce soir?
Jusqu’à présent, nous faisions essentiellement de la réunion d’information. Mais nous allons faire évoluer les choses et nous concentrer sur la question de la grève du lait. La réunion de ce soir sera l’occasion de préparer et d’organiser la stratégie à appliquer dans les semaines à venir.
La perspective d’une grève du lait semble, en effet, se préciser. Selon vous, qu’est-ce qu’un producteur aurait à perdre ou à gagner à entamer cette grève?
Hormis le lait qui va être détruit, nous n’avons rien à perdre. Aujourd’hui, la grève est le seul outil de revendication qui vaille. On veut rendre au producteur un statut à la hauteur de sa valeur.
Quelle est, selon l’Apli, la nature du problème qui affecte aujourd’hui la production laitière?
À l’échelle européenne, nous sommes largement en surproduction. Avec un ratio dollar/euro qui nous est largement défavorable. On n’arrive pas à exporter et nous manquons de souplesse pour pouvoir nous adapter au niveau du marché. Notre priorité est de faire baisser les volumes de production au niveau de l’Europe et de procéder à une juste répartition des marges.
Comprenez-vous les arguments des opposants à la grève (lire par ailleurs)?
On connaît le point de vue de nos contradicteurs, mais ils ne proposent pas de solutions pour autant…
À lire certains commentaires ici et là, on comprend que l’industrie du lait commence à fortement craindre vos positions…
En France, l’industrie du lait, c’est 54millions d’euros de chiffre d’affaires par jour! En cas de grève du lait, ça risque en effet de faire désordre… Mais la grève est la seule solution pour sauvegarder l’industrie laitière nationale.
Si tant est qu’elle voit le jour, quand la grève du lait débutera-t-elle?
Il n’y a pas de «si» qui tienne: il y aura bien une grève du lait. Pour l’heure, deux dates sont arrêtées, mais, pour des questions stratégiques, je ne peux pas en dire plus pour le moment. D’un autre côté, nous ne voulons pas prendre le consommateur en otage: des distributions de lait gratuites seront organisées.
Comment cette grève sera-t-elle décidée? Et par qui?
C’est le comité directeur de l’EMB (European Milk Board) qui décidera de la date. Aujourd’hui, neuf pays européens se sont prononcés en faveur de la grève. Les derniers à nous avoir rejoints sont les Pays-Bas, il y a dix jours de cela.
L’Apli étant «apolitique» et «asyndicale», n’importe quel producteur peut y adhérer?
Naturellement. Nous comptons des membres de tous les syndicats, FDSEA incluse. Ceux-là ne se retrouvent plus dans la politique de leur syndicat. Malgré nous, on génère donc de la dissidence. Même si ce n’est pas du tout cela que nous cherchons…
* Association des producteurs de lait indépendants. Pratique Ce soir, dès 20h30, à la salle des fêtes (derrière la mairie).