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Conséquence de la dérégulation du marché laitier décidée par la Commission Européenne et de l’accord du 3 juin dernier entre les industriels et un syndicat de producteurs laitiers proche de la FNSEA fixant le prix du lait à 280 euros les 1000 litres, un vent de fronde s’abat depuis quelques semaines sur les campagnes françaises et européennes.
Une révolte emmenée en France par un nouveau venu dans le paysage syndical agricole : l’APLI (Association des producteurs de Lait Indépendants).
L’APLI rassemble des producteurs laitiers non syndiqués, des déçus de la FNSEA/FDSEA/Jeunes Agriculteurs et des membres d’autres syndicats agricoles : la Confédération Paysanne et la Coordination Rurale.
L’APLI défend les intérêts catégoriels des producteurs de lait en exigeant une régulation européenne de la production de lait (maintien des quotas de production) et un prix minimum autour de 350 à 400 euros les 1 000 la tonne contre 280 euros maximum actuellement.
Des revendications essentielles pour la viabilité et la survie des exploitations laitières.

Le combat est donc à la fois national et européen.
C’est pourquoi l’APLI est membre de l’EMB (European Milk Board), syndicat laitier européen présent dans 14 pays et revendiquant environ 100.000 membres, dont le rôle est de définir à l’échelle européenne la stratégie et la coordination des actions nationales.

En France, l’action de l’APLI s’est déclinée crescendo en quatre temps.
Elle a débuté par des réunions publiques à destination des éleveurs laitiers pour présenter la jeune association et ses objectifs et à les inviter à adhérer au mouvement, à l’exemple de la réunion de St-Hilaire-du-Harcouêt le 23 juin dernier qui a rassemblé plus de 1500 personnes (cf. vidéo).
Elle s’est poursuivie par une campagne de communication sur les bords des routes au début de l’été où le grand public a pris connaissance des termes APLI, EMB, des problèmes des agriculteurs laitiers et du projet IMG_1537d’une grève de lait (cf. photos à droite dont une banderole à l’entrée du festival des Vieilles Charrues à Carhaix).
Puis l’APLI s’est rapprochée de la population par la présence de nombreux stands d’information et par la distribution gratuite de lait sur les marchés locaux.
Le jeudi 10 septembre, l’APLI a déclaré la grève du lait dès la traite du soir.
Le lait ne sera plus livré aux industriels/transformateurs. Outre la paralysie l’industrie laitière, l’objectif est de diminuer l’offre pour faire augmenter le prix du lait et de contraindre les responsables politiques nationaux et européens à amender le marché européen dans le secteur du lait par le maintien des quotas.

Cette action ne peut réussir que si d’une part une majorité des producteurs français cesse leur livraison de lait – sachant que le syndicat majoritaire la FDSEA y est hostile (cf. vidéos)- et d’autre part leurs homologues européens rejoignent le mouvement de grève pour éviter que face à la pénurie de lait en France les laiteries et les transformateurs s’approvisionnent dans les pays voisins …
Au 13 septembre, la situation de la grève du lait était la suivante : en France 5.000 agriculteurs grévistes (35 – 40%), en Allemagne : 1.000, en Belgique : 1.000, actions en cours et à venir en Autriche, Luxembourg, Pays-Bas, Suisse et Italie (source : site internet EMB).

Toute la question maintenant est de savoir quelles seront l’épilogue et les conséquences pour les exploitants laitiers engagés ou non dans cette action.