Mémoriales 2009. 10 ans après quel constat?

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C’est à la fin août 2009 que commençait la grève du lait, un mouvement se voulant apolitique et asyndical qui devait durer près d’un mois, avec pour objectif de réclamer un meilleur prix pour les producteurs de lait. On connait l’histoire, le mouvement a dû cesser sans obtenir gain de cause. Pour autant, les acteurs d’alors conservent toujours un goût d’inachevé, et les dix années qui ont suivi n’ont fait, selon eux, que leur donner raison… WikiAgri réécrit l’histoire avec l’un des protagonistes de l’époque, Dominique Pilet.

Vous vous souvenez sans doute du leader charismatique du mouvement, Pascal Massol, ou encore de Sophie Poux, qui avait été jusqu’à donner la réplique au Président de la République Nicolas Sarkozy dans une émission en “prime time” à la télévision. Également de ces images choquantes – et c’était le but – montrant des dizaines de producteurs laitiers épandant la plaine devant le Mont-Saint-Michel de lait, de tonnes et de tonnes de lait. Cette action désespérée du Mont-Saint-Michel, c’était le 9 septembre.

A l’origine, une chute du prix du lait

Un producteur ne travaille pas pour jeter, résume aujourd’hui Dominique Pilet. C’était terrible pour nous d’en arriver à cette extrémité, on en pleurait. Mais il fallait réagir, montrer, dire…” A l’époque, Dominique Pilet avait un quota de 650 000 de lait, à Machecoul (sud-ouest de Nantes), en Loire-Atlantique, département où a d’ailleurs eu lieu un autre épandage “blanc” au lendemain de celui du Mont-Saint-Michel. Une exploitation à trois associés, avec son épouse et l’un de ses frères. “Deux ans plus tôt, se souvient-il, nous avions robotisé la traite, et refait un bâtiment. Des investissements lourds. Quand le prix du lait s’est mis à baisser en 2009, on n’y arrivait plus !” 250 000 € mis dans ces outils avec un retour de moins en moins lisible, telle était sa situation.

Une situation partagée par beaucoup. Les investissements, c’était la norme à l’époque, tous les conseillers y poussaient. D’où cette révolte. “J’étais syndiqué, à la Coordination rurale, j’ai même participé à sa création en 1992. J’étais membre de l’OPL – l’organisation des producteurs de lait -, mais j’ai tout de suite apprécié ce mouvement, l’Apli, association des producteurs de lait indépendants, que j’ai rejoins. Je faisais partie de ceux qui pensaient qu’un mouvement ne serait que plus fort que s’il sortait des cases syndicales. Je n’étais pas un représentant de la CR à l’Apli, j’étais un producteur laitier voulant faire cause commune avec le plus de producteurs laitiers possible, qu’elles que soient leurs origines.

Objectif : négocier un meilleur prix auprès des industriels et coopératives

Rapidement, le mouvement s’est organisé. Principale revendication : un prix décent pour les producteurs. Les actions furent variées : blocage des livraisons de lait, “grève du lait” (c’est-à-dire refus de livrer le lait aux collectes des coopératives ou autres industriels privés), don du lait au public avec messages de sensibilisation au passage. Dominique Pilet a participé à tout, pendant près d’un mois. “Nous voulions bloquer l’approvisionnement en lait des coopératives et industriels, pour les obliger à renégocier le prix de la matière première, le lait. Aujourd’hui encore avec le recul, je reste persuadé que nous aurions pu y parvenir si tout le monde avait suivi le mouvement…” Mais si la popularité de cette révolte fut indéniable, il lui a manqué, effectivement, un engouement fourni. En particulier, le syndicat majoritaire, la Fnsea, a mis très rapidement le hola sur cette initiative (notamment en différenciant industriels et coopératives, ne voulant pas prendre les secondes pour cibles). “Nous étions trop isolés pour réussir…

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