Courrier à nos Député(e)s, Sénatrices et Sénateurs

En fin d’année 2019, nous avons écrit et envoyer le courrier ci-dessous à l’ensemble des Député(e)s, Sénatrices et Sénateurs de notre pays afin de les informer de la situation actuelle de notre filière et de les informer des outils pour lesquels nous nous battons.

Suite à ce courrier, nous avons eu de nombreux retours et de nombreuses rencontres avec nos élu(e)s sont prévus dans les semaines à venir.

Nous vous invitons à découvrir ce courrier ci-dessous et à le partager. Vous pouvez également l’utiliser pour relancer le ou la député(e) de votre circonscription.


Le courrier en question :

Madame la Députée,
Monsieur le Député,

Par ce courrier, nous souhaitons attirer votre attention sur la situation actuelle des éleveurs de vaches laitières et de la filière laitière.

En 2009, l’Apli organisait la grève du lait et les impressionnants épandages de lait partout en France pour alerter l’opinion publique sur les catastrophiques conséquences de la chute du prix du lait.  10 ans plus tard en 2019, le salaire moyen d’un éleveur laitier est de 620 € mensuel (Insee, 2019) et le prix payé aux producteurs pour une tonne de lait ne couvre toujours pas les coûts de production, ne permet toujours pas de dégager un salaire décent.

Les 10 dernières années ont ainsi fermement maintenu la tête des éleveurs sous l’eau avec un prix de la tonne de lait d’environ 340 euros. Le nombre de producteurs a poursuivi sa chute libre en parallèle du développement de mégastructures industrielles. Malheureusement ces dernières ne permettent pas l’avenir équitable et durable que prônent les éleveurs. 2500 fermes laitière en moyenne disparaissent chaque année au détriment de l’environnement et de la vie sociale et économique des territoires.

Saviez-vous que le prix de vente du lait n’est pas fixé par le vendeur, mais par l’acheteur, et ce sans aucune négociation ? Acheteur qui se base sur les prix du marché. Marché soumis aux règles d’un ultra-libéralisme sans filet, soutenu par des subventions qui disent : plus d’équipements et plus de vaches, pour moins d’exploitations et moins d’Hommes. Ce prix imposé, nous le répétons, ne permet pas au producteur de se dégager un salaire. 

Vous comprenez pourquoi ce sont les petites exploitations qui déposent le bilan ou se font absorber par les mégastructures industrielles. La majorité des producteurs ont plus de 40 ans. Les moins de 40 ans ont dû passer par la case « développement intensif » pour obtenir les soutiens financiers au développement d’exploitations plus grandes mais moins nombreuses avec une capacité d’embauche réduite. Ou simplement pour sauver l’exploitation familiale.

En coulisses donc, des exploitations soumises aux désidératas industriels, un prix du lait qui s’écroule, des exploitations familiales et des emplois ruraux qui disparaissent ; et des surplus de productions phénoménaux qui s’exportent à des prix ras des pâquerettes sous forme de poudre de lait, causant la disparition d’autres exploitations familiales, en Afrique cette fois, provoquant de fait des migrations économiques.

Avez-vous goûté cette poudre de lait déshydratée que l’Europe expédie par centaines de tonnes à nos confrères africains ? Réenrichis en eau (assainie lorsque c’est possible) et en huile de palme puis vendu aux mères de familles à des prix inférieurs au lait local : une recette que nous ne donnerions même pas à nos veaux aujourd’hui ! Quelle honte que de voir nos productions finir ainsi, sous forme d’insulte alimentaire à la personne qui la consomme !

Nous avions espoir en la loi Egalim, suite notamment au discours de Rungis pendant lequel nous avions eu le sentiment que l’importance des calculs des coûts de production était enfin considérée, et que les relations entre éleveurs, coopératives et industriels étaient enfin sur la voie de l’équité.

En effet, à la suite des Etats généraux de l’Alimentation, un objectif très attendu était que le rapport de force soit rééquilibré au profit du premier maillon de la chaine que sont les agriculteurs. Le constat est que la loi, en plus d’avoir eu peu de retombées auprès des agriculteurs, se voit aujourd’hui complètement détournée.

Moins d’un an après l’entrée en vigueur de la loi, les producteurs n’ont toujours pas voix au chapitre auprès de leurs acheteurs tandis que les enseignes essayent les unes après les autres de trouver des failles juridiques aux écrits politiques (marges arrière déguisées, remises sur carte de réduction…).

Dans le même temps, nos eurodéputés laissent les accords commerciaux internationaux infliger leur concurrence déloyale à nos fermes et à nos productions.

On nous demande de produire toujours plus, dans des quantités supérieures à la demande, pour satisfaire aux lois d’un marché international, tout en exigeant de nous une alimentation saine, locale, durable, prenant en compte les impératifs de bien-être animal, d’environnement et d’entretien des paysages ruraux.

Face à cette situation désastreuse et en total déséquilibre, nous nous mobilisons depuis 10 ans aux côtés de l’EMB via l’élaboration d’un outil économique viable : le PRM (Programme de Responsabilisation face au Marché). Le PRM est un programme pour le secteur laitier européen destiné à être appliqué lorsque le marché du lait est menacé de déséquilibre. Alliant des instruments de surveillance du marché et d’intervention réactive, le programme permet l’identification de crises imminentes. Un indice de marché est utilisé pour indiquer la stabilité du marché. Si l’indice est à 100 points, le marché est stable. S’il chute, un programme en 3 temps est activé pour réagir à cette instabilité.

En tant que représentants de l’APLI, nous aimerions vous rencontrer afin de vous sensibiliser à notre situation, aux réponses que nous pouvons y apporter, et à cet outil d’envergure européenne et soutenu par des organisations de producteurs de lait à travers toute l’Europe.

                Nous vous prions d’agréer, cher(e) député(e), l’expression de nos respectueuses salutations.

                Sylvain LOUIS, président de l’APLI

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Communiqué de presse et manifestation contre Carrefour

Après une année 2022 inédite, nous, éleveurs laitiers, avons vu nos coûts exploser. Les prix qui nous sont payés ont certes commencé à monter en fin d’année, mais amorcent déjà une redescente et il y existe encore beaucoup de verrous à faire sauter pour éviter la faillite, notamment à cause de certaines enseignes de la distribution, comme la multinationale CARREFOUR. 

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