Les coulisses du lait en France

A l’occasion de la journée mondiale du lait ce 1er juin 2018, l’Apli a souhaité communiquer fortement auprès de la presse et du grand public sur les véritables coulisses du lait.

Il est en effet dommage que l’information auprès des consommateurs se limite aux visites de quelques laiteries, tandis que les producteurs, à la base de toute la chaine, restent éternellement invisibles !

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Le 31 mai 2018

Journée mondiale du lait : les véritables coulisses

Le 1er juin, beaucoup de pays célèbrent la journée mondiale du lait en invitant le public à découvrir les coulisses de cet aliment incontournable.
En France les gens sont invités à visiter les usines des laiteries. Pourtant, les véritables coulisses du lait acheté et bu quotidiennement par les consommateurs sont bel et bien les producteurs et leurs élevages !

LES COULISSES DU LAIT EN FRANCE : DE PLUS EN PLUS DESERTES

On aurait tort de penser que l’explosion des volumes de lait produits coïnciderait avec un nombre d’exploitations et de producteurs en augmentation.

En 2009, l’Apli tire la sonnette d’alarme : les producteurs ne pouvant ou ne voulant pas se faire assimiler par les industriels ne peuvent plus vivre au prix auquel le lait leur est acheté. De 2000 à 2010, leur nombre est passé de 120 406 exploitations laitières à 75737.

En 2017, leur nombre a chuté à 58462. Derrière la froideur du chiffre il faut imaginer chaque famille d’agriculteurs licenciant et abandonnant des années de travail, des régions désertées et des terres parfois rachetées pour tout autre chose que de l’agriculture – autant dire gâchées.

EN CAUSE, LE PRIX DE LA TONNE DE LAIT.

Ce sont des coopératives et des groupes industriels qui achètent le lait des producteurs pour ensuite le transformer et le revendre sous ses différentes formes aux consommateurs. Ces livraisons des producteurs aux industries font l’objet de contrats par lesquels les producteurs s’engagent à livrer une certaine quantité de lait.

Saviez-vous que le prix de vente du lait n’est pas fixé par le vendeur, mais par l’acheteur, et ce sans aucune négociation ? Acheteur qui se base sur les prix du marché. Marché soumis aux règles d’un libéralisme gourmand de productions intensives : plus d’équipements et plus de vaches, pour moins d’exploitations et moins d’Hommes. Ce prix imposé ne permet pas au producteur de se dégager un salaire.

Vous comprenez maintenant pourquoi il y a beaucoup plus de lait, mais beaucoup moins de producteurs. Vous découvrez pourquoi ce sont les petites exploitations qui déposent le bilan ou se font absorber par les méga structures industrielles. Vous apprendrez que la majorité des producteurs ont plus de 40 ans. Les moins de 40 ans ont dû passer par la case « développement intensif » pour obtenir les soutiens financiers au développement d’exploitations plus grandes mais moins nombreuses avec une capacité d’embauche réduite. Ou simplement pour sauver l’exploitation familiale.

En coulisses donc, des exploitations soumises aux désidératas industriels, un prix du lait qui s’écroule, des exploitations familiales et des emplois ruraux qui disparaissent ; et des surplus de productions phénoménaux qui s’exportent à des prix ras des pâquerettes sous forme de poudre de lait, causant la disparition d’autres exploitations familiales, en Afrique cette fois.

UN COMBAT DE SOURD.

Depuis 2009 l’Apli au niveau français et l’European Milk Board au niveau européen n’ont cessé d’insister auprès des politiques sur l’absolue nécessité d’une régulation des volumes de lait au niveau européen permettant la mise en place d’un prix rémunérateur (450 euros la tonne de lait) incluant un salaire pour le producteur.

Si la justesse des calculs et l’idée d’une régulation est reconnue par les responsables politiques, elle peine à se traduire en actes législatifs concrets.

Le discours de ces producteurs indépendants des syndicats majoritaires fait régulièrement face à des affirmations erronées. En témoigne un récent article qui annonce un prix de la tonne de lait à 325 euros en 2018. Un prix décrit comme « pas si mal » ! Une véritable insulte aux producteurs : si ce prix était rémunérateur, ils le sauraient.

UNE SITUATION QUI DEPASSE LARGEMENT LES FRONTIERES DE LA FRANCE.

Sur les 500 000 producteurs européens, 100 000 s’associent déjà aux revendications de l’EMB. Au niveau mondial, l’inquiétude prend de l’ampleur et les rencontres autour de la régulation des volumes se multiplient entre les organisations de tous pays.

LE DEVELOPPEMENT DURABLE DANS TOUT ÇA ?

Tout le monde en est conscient : les élevages industriels à grande échelle n’ont rien d’un paradis agricole. Pollutions, émissions de GES, bien-être animal… Même si les progrès technologiques aident à innover en la matière, il ne faut pas espérer des résultats plus durables que ceux des petites structures. Quant aux impératifs sociaux et économiques du développement durable, l’actuelle situation du marché du lait n’y apporte aucune réponse.

POURTANT LE LAIT EQUITABLE EXISTE BEL ET BIEN.

En France, et partout dans le monde, des producteurs se rassemblent et créent leurs propres marques équitables. L’Apli a créé Fairefrance. De nouveaux modèles économiques émergent tels que le partage de la valeur ajoutée chez les producteurs américains. De nouvelles marques vendues à un prix rémunérateur pour les producteurs sont régulièrement présentées aux consommateurs. Le 14 juin à Lille se tiendra d’ailleurs la 5eme conférence européenne du lait équitable.

Étonnamment ce qui devrait être la règle n’est encore aujourd’hui que l’exception dans nos rayons.

DE LA RESPONSABILITE PARTAGEE.

La FAO, à l’initiative de cette journée mondiale du lait, prône le maintien et le soutien des exploitations familiales qui nourrissent 80% de la population mondiale et permet le développement d’activités respectueuses de l’humain et de la nature. L’Apli est logiquement et totalement en phase avec cet état de fait.

Rappelons-le, la sécurité alimentaire mondiale est un combat de tous les jours. Un combat silencieux qui dépend d’un système agricole maintenu de manière équitable partout dans le monde, y compris chez nous qui sommes le deuxième pays producteur de lait en Europe avec le cheptel de vaches laitières européen le plus conséquent.

Nous avons une responsabilité vis-à-vis de nos producteurs, de nos jeunes voulant reprendre un jour une exploitation viable et indépendante, mais aussi vis-à-vis des producteurs d’autres pays qui subissent les effets de nos surproductions exportées à bas prix.

Pour plus d’informations (prix, calculs, rapports…) :
Contact :
Service Presse
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