Mémoriales 2009. Grève du lait de nombreux soutiens européens.

La grève du lait est discrètement soutenue par les autres producteurs européens

Résultat de recherche d'images pour "la grève du lait 2009"

Deux organisations françaises ont lancé, jeudi 10 septembre, un mouvement pour protester contre la baisse du prix du lait. Elles réclament notamment un gel de l’augmentation des quotas laitiers dans tous les pays de l’Union européenne.

Ras-le-bol. Les agriculteurs français de l’Organisation des producteurs de lait (OPL) et de l’Association des producteurs de lait indépendants (APLI) ont officiellement lancé, jeudi 10 septembre à Paris, la «grève du lait», dont ils menacent les autorités depuis plusieurs semaines. Un mouvement annoncé à l’issue d’une réunion du bureau de l’European Milk Board (EMB), le lobby européen du lait, qui rassemble des organisations de producteurs de lait de toute l’Europe.

Pour protester contre l’effondrement du prix du lait, certains éleveurs français ont donc cessé, jeudi 10 septembre au soir, de livrer les industriels. Une manière pour eux de tenter de mettre la pression sur les pouvoirs publics, parmi lesquels la Commission européenne.

En juillet, Bruxelles a soumis un panel de propositions pour tenter de résoudre la crise, sinon de l’amoindrir. A l’époque, ces mesures avaient suscité une opposition unanime (EURACTIV.fr 23/07/2009). Les producteurs, quant à eux, demandent à la Commission d’aller beaucoup plus loin.

Mais Bruxelles refuse absolument de revenir sur sa mesure la plus controversée, du moins en France, c’est-à-dire la fin des quotas en 2015. A défaut, les agriculteurs demandent le gel, partout en Europe, de la hausse progressive des volumes produits par les laitiers européens. Selon eux, ce système, censé provoquer un «atterrissage en douceur» avant l’échéance de 2015, accélère au contraire la baisse des prix du lait.

Le 7 septembre, une proposition franco-allemande, soutenue par 14 autres pays européens, et demandant une plus grande régulation, a été présentée à la Commission européenne (EURACTIV.fr, 09/09/2009). En vain. «De toute façon, les propositions des ministres étaient insuffisantes», argue-t-on à l’EMB.

«La situation des agriculteurs est intenable», a dit Romuald Shaber, le président du syndicat allemand BDM, qui compte 30 000 adhérents. «Les agriculteurs ne peuvent plus régler leur facture. Ils craignent les nombreuses faillites», a-t-il poursuivi. Il a réclamé un changement de cap de la politique laitière européenne. Par ailleurs, il a fustigé la décision de la Commission européenne de stocker les produits laitiers jusqu’en février. «Les fonds consacrés au stockage pourraient être utilisés pour aider les agriculteurs à produire moins», a-t-il réclamé.

« Vive la révolution des producteurs laitiers! »

«Nous ne voulons pas de l’argent mais un meilleur système», a insisté Sieta van Keimpema, du syndicat néerlandais DDB. Rejetant le principe d’aides financières régulières, les producteurs réclament de l’argent ponctuellement, afin d’aider la fillière à se structurer au niveau européen, pour pouvoir négocier avec les industriels. «L’Union européenne spécule sur nos faibles prix laitiers», a-t-elle affirmé. Avant de lancer, en français : «Vive la révolution des producteurs laitiers!»

«Cette automutilation va débuter aujourd’hui», a déclaré le président de l’Apli, Pascal Massol, en évoquant la grève. «La grève du lait est un investissement. Je ne peux pas croire que l’État et l’Europe vont nous laisser dans l’impasse pendant dix jours», a-t-il poursuivi.

«Tous les producteurs européens ont le même problème : un prix du lait dérisoire», a lancé Daniel Contat, le président de l’OPL, estimant que «la gestion politique est la seule responsable des excédents».

«La solution n’est pas de renationaliser la politique laitière», a-t-il déclaré à EURACTIV.fr, en faisant allusion aux propositions de la FNSEA. «Pour nous, la solution est européenne», a-t-il ajouté, réclamant un retour à un prix de 400 euros les 1000 litres.

Grèves individuelles

Côté européen, les autres membres de l’EMB soutiennent du bout des lèvres le mouvement français. Tous les leaders européens présents à Paris (italien, allemand, néerlandais, belge, luxembourgeois, italien, autrichien, suisse) ont annoncé qu’ils entamaient une grève à titre personnel, en signe de soutien des agriculteurs français.

Mais ils n’ont pas encouragé l’ensemble des membres de leur mouvement respectif à déclencher une grève. «Nous appelons chacun a prendre ses responsabilités et à faire grève individuellement», a par exemple dit un représentant belge. Les Danois, en revanche, se sont dits «solidaires» des Français, mais le représentant du syndicat danois a précisé qu’il ne pensait pas que les agriculteurs de son pays allaient se mettre en grève.

Cette timidité est due, pour certains, à des obstacles juridiques. Le syndicat allemand, BDM, en pleine tourmente judiciaire, ne peut appeler officiellement ses producteurs à se mettre en grève. Mais «la situation est tellement mauvaise que je pense que les producteurs allemands vont suivre le mouvement», a déclaré à EURACTIV.fr le leader de BDM. Mais au-delà de ces questions, les partenaires européens de l’OPL et de l’APLI veulent surtout voir dans quelle ampleur le mouvement prend chez les agriculteurs français.

« Mouvement irresponsable »

En France, la grève du lait est loin d’être approuvée par tous les producteurs français. Lors de sa conférence de presse de rentrée, la FNSEA, à laquelle est affiliée la Fédération nationale de producteurs de lait (FNPL), a qualifié le mouvement d’«irresponsable». «Je ne vois pas l’intérêt de traire ses vaches le matin avant de jeter 1000, 2000 ou 3000 litres de lait», avait-il protesté.

Dans une «lettre ouverte aux producteurs de lait», la FNSEA, la FNPL et les Jeunes agriculteurs s’interrogent : «Qui peut croire à la chimère des 400 euros les 1000 litres?» Ils évoquent l’accord interprofessionnel négocié début juin : «Sans cet accord, c’est aux prix des Belges, des Allemands…que nous serions payés aujourd’hui.» «A l’Europe, nous voulons signifier que son idéologie et son obstination font le lit de toutes les rancoeurs, hélas justifiées», soulignent les auteurs.

Sources…

Derniers communiqués

Communiqué de presse et manifestation contre Carrefour

Après une année 2022 inédite, nous, éleveurs laitiers, avons vu nos coûts exploser. Les prix qui nous sont payés ont certes commencé à monter en fin d’année, mais amorcent déjà une redescente et il y existe encore beaucoup de verrous à faire sauter pour éviter la faillite, notamment à cause de certaines enseignes de la distribution, comme la multinationale CARREFOUR. 

Lire >>